Book review - Septembre 2015

Le mois de septembre est celui de la rentrée littéraire, absurdité culturelle et commerciale qui voit paraître plus de 600 livres dont la grande majorité, évidemment, se révèle plutôt de l'ordre du nanar que du chef-d’œuvre. Il suffit, cette année, de consulter les catalogues des différents éditeurs pour s'en rendre compte. Une sélection drastique s'avère donc, comme chaque année, nécessaire pour éviter une perte de temps considérable. Comme tu appliques un filtre étroit sur la liste des sorties, tes lectures de ce mois reflètent assez peu le bouillonnement de la soupe de crabes éditoriale passée à la casserole des prix littéraires. Tu as ainsi principalement rattrapé (quelque peu) ton retard sur les parutions des années précédentes.

 

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Dans son dernier roman, qui compte parmi les rares dignes d'intérêt de cette rentrée littéraire, Mathieu Larnaudie s'intéresse au personnage de Frances Farmer (1913-1970). Cette actrice américaine défraya la chronique en effectuant plusieurs séjours en hôpital psychiatrique. En racontant le parcours de cette femme atypique, il tente avant tout de décrypter les mécanismes de la célébrité et la symbolique du statut de star, une position qui apparaît ici moins un aboutissement qu'une malédiction. L'auteur mène cette réflexion avec brillance et en employant une écriture trahissant un souci d'exigences formelle et de qualité qu'on rencontre peu dans la littérature française contemporaine.

Notre désir est sans remède, Mathieu Larnaudie (2015), Actes Sud, août 2015, 240 pages, 19,30€

 

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Juan José Saer dispose d'une fort bonne réputation. Tu as compris pourquoi en lisant ce roman inspiré d'un fait divers du XVIème siècle (un garçon vécut 10 ans au sein de la tribu anthropophage qui avait abattu le reste de l'expédition espagnole dont il faisait partie). L'auteur brode sur ces événements un récit anthropologique et philosophique écrit de main de maître. Certes pas aussi enthousiaste que certains vis-à-vis de ce livre, qui n'a pas réussi à te toucher autant qu'il aurait semble-t-il dû, tu dois toutefois reconnaître sa qualité d'ordre supérieur.

L'Ancêtre (El Entenado), Juan José Saer (1983), traduit de l'espagnol par Laure Bataillon, Le Tripode, mars 2014, 200 pages, 17€

 

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Laird Hunt est adulé par certains membres de ton entourage, qui considèrent Les Bonnes gens comme son meilleur roman. Toutefois, cette histoire de racisme, se déroulant au XIXème siècle dans un coin reculé des Grandes Plaines, mettant en scène une femme qui s'est mariée trop jeune, trop vite et à la mauvaise personne n'a pas réussi à toucher ta corde sensible. L'auteur y démontre certes un talent certain pour l'écriture et une maîtrise évidente de la narration en trompant avec succès les a priori du lecteur. Mais il manque quelque chose à ce livre pour qu'il t'émeuve.

Les Bonnes gens (Kind One), Laird Hunt (2012), traduit de l'anglais par Anne-Laure Tissut, Actes Sud, Lettres anglo-américaines, février 2014, 256 pages, 21,80€

 

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Ce témoignage du membre des forces spéciales américaines qui a abattu Oussama Ben Laden s'inscrit dans l'Œuvre particulière d'Emmanuel Adely. Celle-ci se distingue, ainsi qu'on peut le lire sur Wikipedia, par « une écriture flux, souvent libérée d'une seule traite et, dans une spontanéité, celle-là même qui caractérise la parole, balayant jusqu'à l'ultime ponctuation ». Adely offre effectivement un récit d'une grande intensité, dont la narration s'approche, dans sa fluidité et ses airs instables, du courant de pensée, mais étant plutôt de l'ordre du scandé.

La Très bouleversante confession de l'homme qui a abattu le plus grand fils de pute que la Terre ait porté, Emmanuel Adely (2014), Inculte, janvier 2014, 128 pages, 13,90€

 

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