La sortie du deuxième roman de Harper Lee était très attendue. La polémique autour de sa publication (parfaitement assumée par l'écrivaine, ou manipulation des héritiers ?) laissait craindre une déception. Ceci s'avère infondé. Le roman est presque aussi bon que Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, avec son personnage féminin au progressisme attachant, qui s'oppose au racisme paternaliste d'un Sud en pleine déségrégation. Un texte poignant, parlant aux gens aux idées d'avant-garde, montrant l'importance que ces derniers s'efforcent de les imposer.
Va et poste une sentinelle (Go Set a Watchman), Harper Lee (2015), traduit de l'anglais par Pierre Demarty, Grasset, octobre 2015, 336 pages, 20,90€
Dans La Merditude des choses, Dimitri Verhulst raconte, de manière très touchante, le temps passé, pendant son adolescence, chez sa grand-mère. Cette dernière logeait alors ses fils, le père de Verhulst et ses oncles, dans sa maison de Reetveerdegem, en Belgique profonde. Il s'agit d'un récit du quotidien de représentants de la classe populaire, alcooliques notoires, parfois violent mais furieusement bons vivants, qui réussit à être truculent malgré son caractère tragique. Une lecture qui pourrait donc rendre triste, mais en réalité plutôt optimiste.
La Merditude des choses (De helaasheid der dingen), Dimitri Verhulst (2006), traduit du néerlandais par Danielle Losman, 10-18, Littérature étrangère, février 2013, 216 pages, 7,50€
Il est fort probable qu'en lisant Plouk Town, certains lecteurs changent totalement d'avis sur la poésie. Tu entends, en vienne à l'aimer. Il faut dire que celle de Ian Monk, membre de l'Oulipo, s'avère particulièrement... particulière. Le long poème publié par Cambourakis a été conçu à partir de très fortes contraintes formelles. De plus, il s'attache à décrire le quotidien fort peu romantique, peu reluisant, voire pathétique, des habitants d'une banlieue populaire de Lille. Il étonne donc, sidère même. Quelle lecture !
Plouk Town, Ian Monk (2011), Cambourakis, Poésie, mai 2011, 184 pages, 11,20€
Tu n'as jamais parlé de Hubert Haddad sur ce blog, ce qui est assurément un tort. Pourtant, ses Nouvelles du jour et de la nuit, éditées en deux coffrets somptueux par Zulma en 2011, appartiennent au summum de la nouvelle française. Tu avais déjà lu, en 2014, le volet diurne du double recueil, en éprouvant un vif plaisir à ceci. Tu débutas la lecture de la partie nocturne peu après, il y a de cela maintenant plusieurs mois, la picorant deci-delà avec délectation. Mais tu as tourné la dernière page de ce formidable ouvrage, que tout amateur de littérature (par ailleurs imaginaire, mais peu importe) devrait posséder dans sa bibliothèque.
Nouvelles du jour et de la nuit : la nuit, Hubert Haddad (2011), Zulma, février 2011, 640 pages, 30,50€
Nerveux, violent, ramassé, Drive correspond à ce que, en tant que lecteur, tu attends d'un bon polar. Qu'il te remue un peu, ne t'ennuie pas, ne te donne pas l'impression d'être le sempiternel livre policier noir. James Sallis signe donc un livre efficace, dont on comprend qu'il ait été adapté au cinéma, même si la version Septième Art était loin du chef-d'œuvre (dommage pour ceux qui auront Ryan Gosling en couverture...) et ne rendait pas totalement justice au personnage associal du Chauffeur, cascadeur et, à l'occasion, conducteur pour malfrats, aux prises avec des magouilleurs tenaces.
Drive (Drive), James Sallis (2005), traduit de l'anglais par Isabelle Maillet, Payot & Rivages, Rivages/Noir, septembre 2006, 176 pages, 7,15€