Fan de la série The Wire, tu t'intéresses forcément à ce que fait David Simon par ailleurs, ou autour d'elle. Easy Money rassemble des articles de Simon datant des années 80, quand il était journaliste au Baltimore Sun et couvrait l'affaire Melvin Williams, qui lui a inspiré la série mythique. Intéressants, ces documents ne le seront effectivement et surtout que pour ceux qui ont vu cette dernière et l'ont appréciée. Les autres peuvent passer leur chemin, surtout vu le prix du livre par rapport à sa taille.
Easy Money, David Simon (2016), traduit de l'anglais par Jérôme Schmidt, Inculte, Dernière Marge, juin 2016, 123 pages, 17,90€
Ce texte se situe dans le même univers que les romans du diptyque Le Crépuscule des chimères/Cosmos Factory. Il s'avère un peu poussif au début. Jacques Barbéri se rattrape heureusement ensuite. Toutefois, l'auteur déploie à l'extrême sa fantasmagorie, sa loufoquerie, rompant parfois la suspension d'incrédulité du lecteur (le phénomène de compression/décompression, la fusée de bois, le véhicule volant à pédales...). Le tout est globalement plaisant mais dispensable.
Mondocane, Jacques Barbéri (2016), La Volte, mai 2016, 297 pages, 22€
Tu t'es lancé dans la lecture du dernier roman de Sylvain Pattieu avec circonspection, ne sachant pas à quoi t'attendre. Sous-titré « Un roman de pirate », le livre possède toutes les caractéristiques du genre : action, aventure, romantisme, personnages flamboyants, rebondissements, suspense, combat pour la Liberté, contre l'injustice... Il s'avère donc une lecture des plus plaisantes, l'auteur faisant preuve de modernité avec l'utilisation de termes et de références anachroniques qui passent très bien. Les aspects autobiographiques, par contre, sont superflus.
Et que celui qui a soif, vienne, Sylvain Pattieu (2016), Rouergue, La Brune, janvier 2016, 480 pages, 21,80€
Depuis ta lecture de La France tranquille, polar qui t'avait beaucoup plu, tu t'étais promis de lire un autre roman de Bordaçarre, pour confirmer ou infirmer ta bonne opinion à son sujet. Dernier désir, roman mettant un scène un couple de nouveaux ruraux aux prises avec un voisin richissime et manipulateur, a répondu parfaitement à tes attentes. Un récit palpitant, surprenant ; des personnages authentiques, attachants (ou repoussants) mais qui ne sont pas manichéens ; une narration orchestrée pour faire monter le suspense : les ingrédients d'un polar réussi.
Dernier désir, Olivier Bordaçarre (2014), Le Livre de Poche, octobre 2015, 240 pages, 6,90€
Tu as déjà eu l'occasion de parler de William Kotzwinkle, auteur américain qui semble capable d'écrire n'importe quel type de livre (humoristique, satirique, fantastique...) avec un talent égal et éminemment grand. Avec Midnight Examiner, il décrit le personnel frappadingue d'une maison d'édition de magazines populaires qui va, au milieu de leur quotidien étonnant, affronter un dangereux mafieux. Ce roman qui frise le What The Fuck, aux dialogues hilarants, vaut absolument le détour.
Midnight Examiner (The Midnight Examiner), William Kotzwinkle (1989), traduit de l'anglais par Philippe R. Hupp, Rivages, Noir, mai 2011, 288 pages, 8,65€
Considéré comme une référence en matière de littérature traitant de la drogue et, évidemment, de l'addiction à cette dernière, tu ne pouvais manquer de lire un jour Roman avec cocaïne. Malheureusement, tu t'es rapidement ennuyé dans ta lecture. Le roman n'a rien à voir, dans son approche, son atmosphère, avec les récits écrits aujourd'hui sur le même sujet. Il n'est pas sans qualité. Toutefois, il ne détient pas la force de percussion qui pourrait le classer parmi les chefs-d'œuvre du genre.
Roman avec cocaïne (Роман с кокаином), M. Aguéev (1934), traduit du russe par Lydia Chweitzer, 10-18, Domaine étranger, mai 1998, 240 pages, 7,10€