Malgré l'indéniable talent de Malcolm Knox, auteur du très impressionnant et magnifique Shangrila (Asphalte, 2012). l'auteur australien a signé un dernier roman qui n'a pas réussi à te passionner. Malgré un pitch attrayant, qui te laissait présager de savoureux moments de lecture, tu t'es ennuyé ferme en lisant l'histoire de John Wonder. Tu n'as pas l'impression, cela dit d'avoir lu un mauvais livre, seulement un ouvrage qui n'a pas réussi à te toucher, qui n'a pas fonctionné sur toi.
Wonder Lover (The Wonder Lover), Malcolm Knox (2015), traduit de l'anglais par Patricia Barbe-Girault, Asphalte, Fiction, janvier 2016, 313 pages, 22€
Pierre Jourde est un auteur prolifique dont une partie de la renommée tient à l'affaire qui fit sensation et qui est le sujet de ce roman. Retourné dans son village natal, avec sa famille, un an après la parution de son livre précédent (Pays perdu, L'Esprit des Péninsules, 2003), il échappe à un lynchage orchestré par les paysans de la bourgade, qui se sentirent offensés par le texte. Jourde donne ici, avec une grande sensibilité et une très belle plume, sa description des évènements, explique pourquoi et comment ils ont pu survenir. Le livre s'avère passionnant, de par son sujet, son approche du monde rural et par la sincérité qui s'en dégage.
La Première pierre, Pierre Jourde (2013), Gallimard, Folio, avril 2015, 240 pages, 7,10€
Tous ceux que tu connais et qui ont lu Au nord du monde n'en disent que du bien. Il te fallait donc lire, surtout après la lecture du superbe Corps variables, ce roman de Marcel Theroux éminement apprécié. Les éloges auxquels à droit ce texte, sans doute le récit post-apocalyptique le plus émouvant et authentique qu'il t'a été donné de lire s'avèrent justifiés. Le personnage principal est attachant, malgré (ou grâce à) ses parts d'ombre. La narration comporte des rebondissements qui ne permettent jamais de prévoir comment l'histoire va évoluer, en pire ou en meilleur, et donc de s'ennuyer.
Au nord du monde (Far North), Marcel Theroux (2009), traduit de l'anglais par Stéphane Roques, 10-18, novembre 2011, 360 pages, 8,40€
Ce roman, de type Nature Writing, parfaitement caractéristique d'une bonne partie du catalogue des éditions Gallmeister, dispose lui aussi d'une très bonne réputation. Le lecteur est happé par cette histoire troublante et puissante de retour à une vie de pionniers d'un père et son fils de 13 ans, sur une île isolée de l'Alaska. La tension est palpable dès le début du récit et monte progressivement tandis que tout va de mal en pis dans cette nature sauvage face à laquelle le père, dévoré par ses angoisses existentielles et ses fautes personnelles, ne s'avère pas à la hauteur.
Sukkwan Island (Sukkwan Island), David Vann (2008), traduit de l'anglais par Laura Derajinski, Gallmeister, Totem, août 2011, 208 pages, 8,70€
Sélectionné sur la foi de son quatrième de couverture (oui, il t'arrive de les lire), qui t'avait donné envie de le lire un jour (oui, certains quatrièmes font cet effet), ce roman d'un auteur qui t'était inconnu s'avère délectable. Harry Mathews, membre de l'Oulipo, y décrit comment il se fit passer pour un agent de la CIA. Censé s'appuyer sur des faits réels, l'histoire semble plutôt, au fil des pages, se détacher de la réalité pour mieux incorporer, et avec brio, le suspense et l'épique du roman d'espionnage, ainsi qu'un humour distingué. Bref, un thriller intelligent et haut de gamme.
Ma vie dans la CIA (My Life in CIA: A Chronicle of 1973), Harry Mathews (2005), traduit de l'anglais par Harry Mathews, Gallimard, Folio, juin 2007, 320 pages, 8,70€