Un pays à l’aube, de Dennis Lehane, Solénoïde, de Mircea Cărtărescu, Libres d’obéir, de Johann Chapoutot, et La Disparition, de Georges Perec, obtinrent leurs chroniques sur le blog. Tu t’es un peu relâché ensuite : tu as repris le travail, mais surtout tes lectures s’avérèrent moins passionnantes.
Ainsi, La Naissance d’un pont, le roman tant vanté de Maylis de Kérangal, ne t’a pas transcendé. Tu l’as, en réalité, déjà presque oublié. Tu es passé quelques heures agréables à lire ce texte somme toute bien écrit, racontant de belles choses sur la nature humaine. Mais il possède quelques défauts, notamment sur certains points du récit, l’auteur ne s’appesantissant pas sur quelques aspects qui auront mérité développement pour gagner en crédibilité, mais lui aurait compliqué la tâche.
Autre déception avec la suite de La Servante écarlate, intitulée Les Testaments et signée par Margaret Atwood. Ce nouveau roman dans l’Amérique du futur, de Gilead (ou Galaad, selon la version de traduction), ne dispose pas de la subtilité du livre culte qui l’a précédé, dont on connaît le succès et la force. Les Testaments racontent tout du régime dictatorial et puritain, lève tous ses secrets. Il s’agit en définitive d’un bon page turner, mais il ne faut pas s’attendre à mieux en l’abordant.
Plus tard dans le mois, tu te lançais à la découverte d’un auteur dont on t’avait vanté les mérites, Sylvain Prudhomme. Après lecture des Grands, tu as compris pourquoi cet écrivain est apprécié par quelques-unes de tes connaissances. Il écrit bien. Le roman dispose de tout le nécessaire pour émouvoir. Malheureusement, et pour des raisons que tu ne t’expliques pas vraiment (sauf peut-être une absence de passion marquée pour l’Afrique et pour la musique, de manière générale), tu n’as pas été accroché.
Pris à un moment (après la découverte du Chapoutot), d’une fringale d’essais, tu lus deux bouquins traînant depuis quelques temps (voire longtemps) dans ta bibliothèque ou dans ta PAL (oui, tu en possèdes une, bien qu’elle s’avère microscopique car tu as arrêté d’acheter des livres que tu n'ouvriras jamais).
En premier lieu, L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, de Walter Benjamin. Cette courte étude parue chez Allia se révéla passionnant. Toutefois, elle est desservie par le travail éditorial. L’éditeur a souhaité proposer au lecteur les différentes versions du texte (qui en a connu plusieurs). Il les fournit malheureusement sous forme de notes de bas de page. Celles-ci se multiplient vite, d’autant plus que les éléments additionnels possèdent eux aussi des annotations. Le résultat final s'avère difficile à lire. Le report en fin d’ouvrage des commentaires t'aurait paru plus judicieux.
Le deuxième essai que tu lis fut The Anatomy of Colour, de Patrick Baty. Cet expert en histoire de la décoration nous raconte les développements de la peinture et de la fabrication des couleurs associées. Extrêmement intéressant, même si trop pointu pour toi, sans doute, le livre (de toute beauté) t’a donné envie d’explorer ce domaine d’études, avec des essais peut-être plus accessibles (comme ceux de Pastoureau par exemple). Affaire à suivre…
Enfin, pour terminer le mois, tu te reportas avec plaisir sur une valeur sûre, en la plume de Leo Perutz. Tu choisis le roman La Neige de saint Pierre. Il date de 1933, mais est servi par une traduction de Jean-Claude Capèle qui n’a pas vieilli malgré ses plus que trente ans. Le récit t’a plu, par son suspense et le sous-texte politique qu’il trame (le bouquin a été interdit sous le régime nazi).