Les incontournables (récents) en SFFF

La blogueuse Nevertwhere a proposé début juillet le tag « Les incontournables (récents) en SFFF » et a invité ses consorts à y participer. Tu n’es pas coutumier des événements de ce type, mais l’idée te paraissant bonne, tu te lances dans l’expérience.

incontournablesSFFF

Tes lectures n’appartenant pas souvent à la catégorie « grand public SFFF », ta sélection devrait se démarquer, au moins par quelques-unes de ses entrées, de celles de tes collègues chroniqueurs et chroniqueuses. Mais pas toutes, car la constitution d’une liste d’incontournables oblige à des choix drastiques. Tu as cherché à mettre en avant de grands livres, qui possèdent un potentiel de pérennité, et qui ont jalonné ces vingt dernières années, telles des bornes sur ton parcours littéraire.
L’exercice ne s’avère pas facile, d’autant plus que tu t’es imposé une contrainte de parité auteurs/autrices. Par principe, mais surtout parce qu’il n’y a pas plus de chefs-d’œuvre écrits par les hommes que par les femmes. La facilité avec laquelle tu as réussi à respecter cette (fausse) contrainte, te l'a montré.
Voici donc ta sélection, par ordre alphabétique des écrivains et écrivaines :

Complications – Nina Allan

En quelques années, Nina Allan est devenue une référence en matière de littérature de science-ficition. Ses nouvelles et ses romans, dans lesquel.les elle tord la réalité et sème des faux-semblants, surprennent et enchantent. Allan s’est fait connaître en France avec le recueil Complications, paru en 2013, et que tu qualifias déjà, à l’époque, d’incontournable.

Complications (The Silver Wing), Nina Allan (2011), traduit de l'anglais par Bernard Sigaud, Tristram, Souple, juin 2013, 224 pages, 19,50€
Complications

 

Outrage et rébellion – Catherine Dufour

On ne présente plus Catherine Dufour, figure majeure de la science-fiction française. Elle a signé en 2005 et 2009 deux grands romans d’une incroyable qualité, prenant place dans le même univers, un futur où la Terre est effroyablement polluée et dominée par les nations asiatiques : Le Goût de l’immortalité et Outrage et rébellion. Si le premier peut certainement être considéré comme un ouvrage incontournable de SF du début du XXIe siècle, le second obtient ta préférence en termes de forme narrative (inspirée de Please Kill Me, de Legs McNeil et Gillian McCain).

Outrage et rébellion, Catherine Dufour (2009), Gallimard, Folio SF, mars 2012, 544 pages, 9,10€
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Océanique – Greg Egan

Avec Axiomatique (1995) et Radieux (1998), Océanique (2009) forme une trilogie de recueils de nouvelles parus au Bélial ces dernières années (2006, 2007 et 2009). Cette série fournit sans aucun doute le meilleur en matière de textes courts de Hard SF. Océanique représente, à ton avis, le plus marquant des trois et trouve donc tout naturellement sa place dans cette sélection.

Océanique, Greg Egan (2009), traduit de l'anglais par Collectif, Le Livre de Poche, novembre 2012, 744 pages, 9,90€
Oceanique

 

Notre-Dame-aux-Écailles – Mélanie Fazi

Dans la catégorie fantastique du genre SFFF, Mélanie Fazi se place en maîtresse. Ses œuvres apparaissent d’autant plus admirables qu’elles sont peu nombreuses. Les trois recueils de nouvelles (son format de prédilection) qu’elle a signés, Serpentine (Oxymore, 2004), Notre-Dame-aux-Écailles (Bragelonne, 2008) et Le Jardin des silences (Bragelonne, 2014) sont tous des ouvrages de qualité que toutes les bibliothèques devraient inclure. Le deuxième opus de cette liste s'avère, à ton avis, le meilleur des trois.

Notre-Dame-aux-Écailles, Mélanie Fazi (2008), Gallimard, Folio SF, janvier 2011, 288 pages, épuisé (n'appartient plus au catalogue de l'éditeur) ?
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Bara Yogoï – Léo Henry & Jacques Mucchielli

Une sélection d’incontournables SFFF du début du XXe siècle peut-elle ne pas inclure Léo Henry et Jacques Mucchielli ? Si le second, malheureusement, a disparu, le premier continue d’œuvrer avec talent. Il s’est hissé au sommet du genre, avec des textes splendides, tels que Hildegarde. Avec son regretté acolyte, ils signèrent en 2008 et 2010 trois recueils de nouvelles dans l’univers d’Yirminadingrad, Yama Loka Terminus, Bara Yogoï et Tadjélé, prolongés par l’anthologie Adar. Bara Yogoï doit être considéré comme un ouvrage français majeur du genre, sans réelle comparaison de style, de niveau de langue, d’imagination, de questionnement social en ce début de siècle.

Bara Yogoï, Léo Henry & Jacques Mucchielli (2010), Dystopia, octobre 2016, 160 pages, 10€
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L’Alphabet de flammes – Ben Marcus

Paru chez un éditeur mainstream en 2014 (Les Éditions du Sous-sol), ce roman, bien de science-fiction, est passé totalement inaperçu de la communauté SFFF. Pourtant, il s’agissait sans doute d’un des meilleurs textes étrangers édités cette année-là. Ben Marcus y aborde une de ses thématiques préférées, à savoir le langage. L’Alphabet de flammes doit être lu. Beaucoup plus. Tu en as parlé dans cet article-ci.

L'Alphabet de flammes (The Flame Alphabet), Ben Marcus (2012), traduit de l'anglais par Thierry Decottignies, Éditions du Sous-sol, Feuilleton Fiction, février 2014, 352 pages, 22€
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Avec joie et docilité – Johanna Sinisalo

Johanna Sinisalo offre, avec chacun de ses romans, un agréable moment de lecture, doublé de l’occasion de questionner, avec elle, notre société. Écologie, sexisme, sexualité, Sinisalo a abordé ces différents thèmes. Avec joie et docilité, dystopie uchronique féministe, est sans doute son meilleur ouvrage à ce jour, et un livre à recommander chaudement. Dont acte.

Avec joie et docilité (Aurigon ydin), Johanna Sinisalo (2013), traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, Actes Sud, Lettres Scandinaves, juin 2016, 288 pages, 22,80€
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Anatèm – Neal Stephenson

Tu aimes bien Neal Stephenson. Avec Anatèm, paru enfin en 2018 (dix ans après sa sortie originale aux États-Unis) en France en deux énormes volumes chez Albin Michel Imaginaire, il a signé son chef-d’œuvre. Intelligent, érudit, haletant, épique, romantique, ce livre peut recevoir tous les qualificatifs positifs à disposition du chroniqueur de SFFF. Un must read absolu en matière de hard SFFF accessible.

Anatèm (Anathem), Neal Stephenson (2008), traduit de l'anglais par Jacques Collin, Albin Michel, Imaginaire, octobre et novembre 2018, 656 et 560 pages, 25 et 25€
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Slogans – Maria Soudaïeva

Avec Slogans de Maria Soudaïeva, tu promeus en réalité tout le post-exotisme, courant majeur de la science-fiction, dont Antoine Volodine est la figure de proue. Tu aurais donc pu inclure un livre de cet auteur à cette sélection, mais le choix se serait avéré assez difficile. De plus, les Slogans de Soudaïeva (traduits d’ailleurs par Volodine) correspondent sans doute à la forme la plus extrême du post-exotisme, à la fois témoignage d’un autre univers, militant, desespéré et chargé de réalisme magique.

Slogans, Maria Soudaïeva (2004), traduit du russe par Antoine Volodine, L'Olivier, septembre 2004, 112 pages, 15€
Slogans

 

Spin – Robert Charles Wilson

Robert Charles Wilson est un autre auteur de science-fiction nord-américain incontournable. Ses romans se révèlent tous passionnants. Il réussit habilement à parler de science sans délaisser par ailleurs le récit et les mécanismes qui le rendent efficace, y compris les personnages, qui s’avèrent en général bien structurés. Spin étant son livre le plus connu, et sans doute le meilleur, il trouve ici sa place tout naturellement.

Spin (Spin), Robert Charles Wilson (2005), traduit de l'anglais par Gilles Goullet, Gallimard, Folio SF, mars 2015, 624 pages, 9,70€
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Un long voyage - Claire Duvivier

Un Long Voyage, de Claire Duvivier, paru ce mois de mai 2020 aux éditions des Forges de Vulcain, ne reçoit que des éloges. Avec ce premier roman, l’autrice semble déjà toute désignée pour obtenir le GPI, le Prix Imaginales, le Renaudot et le Goncourt. Même si cet engouement s’avère largement justifié, il donne l’impression que les amateurs de fantasy ont enfin lu un texte, classé dans leur genre de prédilection, d’une qualité certaine. Situation exceptionnelle. Mais est-il ici réellement question d’un livre de fantasy ? Voici 10 raisons de croire le contraire, et qui expliquent beaucoup de choses…

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Book review - avril, mai et juin 2020

Le deuxième trimestre de l’année mérite sans nul doute, tout autant que le premier, sa Book review. Même si tu n’as lu qu’une douzaine de livres, et cela malgré le confinement conséquent à l’épidémie de Covid-19.

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La Disparition - Georges Perec

Voilà ! Tu as lu La Disparition. « Zi famouss bouk ». Ainsi dirait Zarathoustra (dont l'anglais apparaissait plutôt anglish…). Un bouquin non pas commun, dont tous ont ouï un truc, commis à l’an 1969 par un gars, Oulipot voilà cinq-trois ans (1967). Mais si tout un chacun sait un machin sur la publication (au moins son nom), qui connaît son propos (nonobstant qui l’a lu) ? Toi, pas loin d’nada, pour discourir vrai, avant d’ouvrir l’opus, sinon qu’il fut transcrit par souscription à l’omission d’un bloc pas vain du français.

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Teddy Bear - Gess

Bien que le confinement soit terminé, il s’avère encore trop tôt pour toi pour te rendre dans les librairies. Tu continues donc tes relectures de vieilles bandes dessinées, principalement de science-fiction, qui ont donné lieu à quelques chroniques ces derniers temps. Aujourd’hui, tu parles de la série Teddy Bear, signée Gess, le dessinateur d'albums comme Carmen Mc Callum ou La Brigade chimérique. Toutefois, il œuvra seul pour la création des trois tomes publiés entre 1992 et 1995 aux éditions Zenda (aujourd'hui, la série est disponible en intégrale chez Drugstore).

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Tout seul - Christophe Chabouté

Tu poursuis ton confinement tant qu’il dure, et la relecture de vieilles bandes dessinées encombrant ta bibliothèque. Si certaines ne méritent pas, après vérification, d’être conservées, la place de certaines autres se justifie parfaitement, comme celle de Tout seul, BD de Christophe Chabouté parue chez Vents d’Ouest en 2008.

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Libres d'obéir - Johann Chapoutot

Sous-titré Le management, du nazisme à aujourd’hui, l’essai Libres d’obéir, de Johann Chapoutot, paru fin 2019/début 2020 chez Gallimard, ne pouvait qu’attirer ton attention. Travaillant au sein de grandes structures, tu sais comment s’y opère la direction des ressources humaines (mal en général). Le texte semblait, au premier abord, rapprocher ces pratiques et une idéologie qui a encouragé des génocides. Intéressant, évidemment.

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Ranx - Chabat, Liberatore & Tamburini

Avec Ranx, sujet de cette chronique, tu poursuis tes relectures des bandes dessinées de ta bibliothèque pendant le confinement du Covid-19. Tu avais grande estime pour cette série italienne culte. Avec quelques années de recul, tu l’as redécouverte sous un autre angle, pas forcément (que) flatteur.

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Solénoïde - Mircea Cărtărescu

Tu arrives un peu après la bataille, avec cette chronique de Solénoïde, de Mircea Cărtărescu, paru aux éditions Noir Sur Blanc à la rentrée littéraire de 2019. Le célèbre, mais relativement confidentiel, auteur roumain possédant ses inconditionnels, ces derniers et presque seuls lecteurs ont déjà lu ce roman, traduit par Laure Hinckel. Toutefois, il reste probablement quelques amateurs de littérature à convaincre de l’intérêt de cet ouvrage imposant, tant par sa taille, son style, que son sujet.

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Le Rayon de la Mort - Daniel Clowes

Après Asterios Polyp, tu as continué ta relecture des BD de ta bibliothèque avec Le Rayon de la Mort, de Daniel Clowes. Parue en 2010 en français, aux éditions Cornélius (première parution en 2004 aux États-Unis), cette bande dessinée traite de manière décalée, contraire aux stéréotypes du comics américain, du thème du super-héros.

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Un pays à l'aube - Dennis Lehane

Le confinement dû au coronavirus est l’occasion de lire des pavés. Un pays à l’aube, de Dennis Lehane, avec ses 850 pages, s’avère représenter parfaitement cette catégorie de livres bons à caler une armoire. En réalité, ses qualités de page turner en garantissent une lecture rapide, malgré son épaisseur.

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Asterios Polyp - David Mazzucchelli

Le confinement en raison de la pandémie de Covid-19, et l’inconséquence du gouvernement Macron qui l’a décidé subitement (et avec du retard), possède de multiples conséquences. Par exemple, tu n’as pas pu constituer un stock suffisant de bandes dessinées à lire pendant cette période de fermeture des librairies. L’occasion se présente de piocher dans les nombreuses BD que contient ta bibliothèque. Tu as ainsi relu Asterios Polyp, de David Mazzucchelli, auteur et dessinateur américain.

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Book review - janvier, février et mars 2020

La résurrection d’un blog implique de se replonger dans son contenu éditorial. Or, tu avais pris l’habitude de réaliser des revues de tes lectures, mensuelles ou à moindre fréquence, pour parler des livres que tu n’avais pas eu le temps – ou l’envie – de chroniquer. La fin du premier trimestre de l’année 2020 représente l'occasion de t’y remettre. Les trois derniers livres que tu as lus, King Kong Théorie, de Virginie Despentes, La Fracture, de Nina Allan, et Prisonniers du ciel, de James Lee Burke, ayant fait l’objet d’articles, tu vas pouvoir revenir sur tes premières lectures de l’année.

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King Kong Théorie - Virginie Despentes

Tu ne connais que peu l’Œuvre de Virginie Despentes. Quant au personnage public, qui défraye régulièrement la chronique, tu ne t’en es jamais assez intéressé pour lui porter un quelconque jugement. Tu avais déjà noté depuis quelques temps, dans ton carnet d’envies de lectures, King Kong Théorie, sans trop savoir de quoi cela parlait, ni s'il s'agissait du bon livre par lequel commencer à découvrir Despentes. Tu partais en tout cas confiant. En effet, tu avais reçu des échos positifs de son discours. Son papier dans Libération suite au César de Roman Violanski Polanski t’avait semblé impressionnant de justesse.

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La Fracture - Nina Allan

Nina Allan. En quelques années, grâce aux éditions Tristram qui ont publié Complications (2013), Spin (2015), Stardust (2015) et La Course (2017), cette autrice anglaise a été propulsée, en France, au rang des meilleur.es du genre. En 2019 a paru son quatrième roman, La Fracture.

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Prisonniers du ciel - James Lee Burke

En ce moment (en fait depuis plusieurs mois), tu as du temps (comme beaucoup de monde), situation sanitaire oblige. Occasion rêvée pour réanimer ce blog en léthargie depuis près d’un an. Quoi de mieux pour le réveiller qu’un bon polar signé, James Lee Burke, rare auteur en qui tu places une confiance aveugle, pour t’offrir des pages de lecture de qualité. Prisonniers du ciel (Heaven’s Prisoners, en VO), objet de cette chronique, second roman de la série Dave Robicheaux, a paru en 1988 aux USA, en 1991 en France dans sa première édition. Sa traduction est signée Freddy Michalski.

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Le Sang des fleurs - Johanna Sinisalo

Cela fait bien longtemps que tu n’as rien écrit sur ce blog. Paresse, fatigue, autres occupations t’ont volé les occasions de parler de tes dernières lectures. Mais voici ton grand retour, peut-être fugace, l’avenir le dira, avec Le Sang des fleurs, roman de 2011 de Johanna Sinisalo.

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Splendide-Hôtel - Gilbert Sorrentino

Il y a longtemps que tu n'as pas parlé d'un livre de Gilbert Sorrentino sur ce blog (ni ailleurs). Or, les éditions Cent Pages ont fait paraître tout récemment un des premiers ouvrages de l'écrivain de Brooklyn. Splendide-Hôtel date de 1973. Nous devons sa traduction française à Bernard Hoepffner, décédé en mai 2017. Il s'agit donc d'un de ses ultimes travaux… et cet ouvrage sans doute un des derniers de Sorrentino à être traduit, d'autant plus par un expert de l'auteur. Autant de raisons d'écrire quelque chose dessus, en plus de la principale : mis à part toi – et quelques autres blogueurs ou chroniqueurs passionnés parmi la poignée de lecteurs que comptera Splendide-Hôtel –, qui donc en parlera ?

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Hildegarde - Léo Henry

Tu l'attendais depuis longtemps, ce livre « sérieux ». Tu en entendais parler depuis des années. L'auteur était venu en discuter à Charybde, alléchant le public alors réuni, pendu à ses lèvres, d'anecdotes sur ce personnage historique d'abbesse allemande, visionnaire, musicienne, sainte. Tu disais que ce bouquin marquerait un tournant dans la carrière d'un des meilleurs écrivains contemporains, qu'il brillerait enfin, avec un ouvrage de littérature blanche, aux yeux d'un autre lectorat que celui des amateurs de science-fiction. Nous sommes le samedi 21 avril 2018. Tu le tiens entre les mains. Hildegarde, de Léo Henry.

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